Louis Havaux, past-président de la FIJEV

            Notre confrère et ami Louis Havaux vient de céder la présidence de la Fédération Internationale des Journalistes en Vins et Spiritueux (FIJEV) après plus de dix années au cours desquelles il a ravivé et redynamisé une institution qui méritait bien cette attention.


            Au moment où ces lignes paraitront, Louis passera une partie de l’hiver belge en été au Chili, un pays dont il connaît bien les vins et où son fils Baudouin avait effectué le stage clôturant ses études d’ingénieur agronome.


            Avant son départ vers le soleil chilien, nous lui avons demandé de dresser un état de la situation du vignoble dans le monde, d’abord, des vins français ensuite.


« Le monde du vin est en évolution constante et rapide. Partout la qualité est en progrès. Le problème c'est qu'il y a un peu trop de production et que la consommation stagne. Si la crise progresse, ce qui ne fait aucun doute, les grands groupes internationaux, qui font des vins corrects sans plus, vont acheter leurs raisins encore moins chers et les petits vignerons comme ceux des pays latino-américains vont souffrir.


Partout, le prix des raisins chute déjà


Partout, le prix des raisins chute déjà, en Espagne notamment.  Les grands groupes auront tendance à noyer nos marchés avec des prix très bas. Cette situation sera difficile pour toutes les AOC (appellations d’origine contrôlée) moins prestigieuses, partout dans le monde,  mais même parmi les grands crus, les ventes seront difficiles. Les  quelque 50 châteaux de la catégorie des premiers grands crus ne seront probablement pas trop touchés. Ce qui est très préoccupant, c'est le lobby anti-vins qui vient de la France et qui influence terriblement certains pays, le nôtre en particulier. Heureusement, il y a encore beaucoup d'excellents vins à petits prix . Le problème c'est de les faire connaître lorsqu'ils arrivent chez les consommateurs. D'ou le rôle chez nous  des cavistes, des négociants belges, des sommeliers et de la presse pour les présenter.


- En juin, aura lieu une nouvelle édition de Vinexpo à Bordeaux. Est-ce toujours un salon pour les amateurs-fouineurs ?  Non, et on peut le déplorer, Vinexpo est devenu un salon d'affaires, obligatoire pour la rencontre entre firmes internationales et la signature de contrats même s'il y a quelques exceptions. C'est un rendez-vous  pour les bons clients et où les journalistes importants sont reçus lors de soirées mondaines !!


Comment se porte le vignoble français?


- Comment se porte le vignoble français ? Les appellations moins prestigieuses profitent-elles des « soucis » et des hausses de prix  des plus grands Bordeaux ?


Dans le vignoble français, comme dit plus haut, il y aura des problèmes de ventes. En cause,  la concurrence du nouveau monde notamment. Même la Champagne connaîtra une baisse à l'export, déjà sensible aujourd'hui mais elle est bien structurée et peut faire face plus facilement que les autres régions. Les Champenois  devront eux aussi raisonner leurs prix.


Les progrès les plus spectaculaires sont dans le Sud de la France. Les Bordeaux (sauf  100 châteaux)  n'ont jamais été aussi bons et peu chers, contrairement à ce que le public pense. La France restera pour moi un des pays en Europe où le choix et le rapport qualité/prix sont et resteront intéressants. Mais, elle n'a plus le monopole et l'image des meilleurs vignobles dans le monde. Sa politique, son image, ses structures, ses A.O.C. et autres règlements sont dépassés et à revoir. Les vins du nouveaux monde même s'ils sont en progrès qualitatif, n’atteignent pas en général pas la race des vins français.


            Les Corbières, Minervois et ce type de vins sont de plus en plus remarquables, mais ils n'ont pas d'images et  leurs petits budget de communication sont partis dans les grandes régions comme le Languedoc-Roussillon où ils sont noyés. Souvenez-vous : ils venaient souvent en Belgique, je pense aux actions et le concours avec les cuisiniers et le Minervois, ils avaient créé des liens. Aujourd'hui, ils n'occupent plus le terrain. Il faut pour les voir faire de l'oenotourisme pendant les vacances...


A part cela, je suis sûr que le vin continuera à nous rendre heureux, il suffit de s'informer sans préjugé.


Recueilli par B.G.


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Légende : Louis Havaux,  président honoraire de la FIJEV. 



Rédigé par B.G.
Posté le 2009-01-29 16:22:30 / ref_article : 201

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