Coups de coeur en Toscane

Nous publions par ailleurs une présentation plus générale de la Toscane et de ses  vins. Il nous semble évident qu'il existe un lien utile entre cet article intitulé "Bienvenue en Toscane" et celui-ci que nous avons placé sous la rubrique " Coups de coeur". B.G. 


 


            Notre périple-marathon commence par l’appellation Chianti Classico, et plus particulièrement la commune de Castellare où nous accueille une Roumaine récemment installée, Loredana, avec laquelle nous entamons cette vaste dégustation. Nous sommes là en présence de cépages Sangiovese bien typés, un 2004 à attendre, de  puissants 2003 et 2002, un 1999 et un  2000 encore très tanniques et une bouteille de 2001, sans doute le vin le plus prêt à boire actuellement. Les étiquettes, fort élégantes, représentent des oiseaux de la région,


            Bienvenue chez Napoléon


            Notre étape suivante nous amène à Radda in Chianti par de petites routes sinueuses qui, heureusement, ne semblent pas faire reculer notre chauffeur. C’est ainsi que nous arrivons, par un temps pluvieux, à la maison-auberge Podere Terreno, tenue par un couple italo-français, Roberto et Marie-Sylvie, et leur fils Pier Francesco, sans oublier leur sympathique chien Napoléon que nous qualifierons de « chien-pêteur » parce que telle est sa façon de s’exprimer.


La famille partage ses activités entre la maison d’hôtes et le vignoble qui produit quelque 25.000 bouteilles par an dont la moitié part à l’exportation. Dans un charmant living bien typique d’une vieille maison de la région, nous dégustons de belles bouteilles telles que deux 2004 constitués de 90% de sangiovese et 10% de canaïolo pour l’une , de 90% de sangiovese et de 10% de cabernet sauvignon pour l’autre. Retenons enfin cette Riserva 2001, un vin excellent bien qu’un peu sauvage mais dont nous garderons un souvenir ému.


 Un vignoble de 87 hectares 


 Et nous repartons. Direction : Fèlsina, dans une propriété viticole où une meute de chiens nous accueille, des chiens plus impatients à partir à la chasse qu’à nous mordre les mollets. Nous sommes ici dans un vignoble vaste (87 hectares sur un ensemble de 485 hectares) repris uniquement en Chianti Classico, donc planté exclusivement dans le cépage-roi de la région, le Sangiovese.


              Cette vaste propriété dont le nom issu de l’étrusque est composée essentiellement de 11 vignobles et produit principalement deux vins, le Berardenga, le plus important en quantité et le Fontalloro. De la dégustation, nous retiendrons principalement le Berardenga Classico Riserva 2005, le 2004 plus agressif et le 2006, beau millésime plein d’équilibre puis quelques millésimes de Fontalloro dont un très beau 2000 prêt à boire.


           La saga Falchini


           Nous voici dans la région du village de San Giminiano, plus précisément à Vernacchia dans l’Azienda Agricola Casale de la famille Falchini. Dès notre arrivée, on cite le nom du célèbre œnologue italien Giacomo Tacchis, ami de la famille, bien connu en Belgique pour sa connaissance et sa promotion des vins italiens. Le père, Riccardo Falchini, est légitimement  fier de ses deux fils dont un  acquis la nationalité américaine. La dégustation se déroulera au pas de charge tandis qu’une employée colle avec amour dur certaines bouteilles plus prestigieuses étiquettes et contre-étiquettes dans la pièce voisine.


Nous commençons par un Spumante metodo classico de belle fraîcheur mais un peu maigre. Suivent trois autres blancs d’intérêt moindre dont un Ab Vinea Doni Riserva de 2006 très minéral. Suivent trois rouges de belle qualité : un DOCG Chianti Colli Senesi 2007 et deux IGT, Paretaio 2004 plus typé local que raffiné, et Campora 2003 exprimant encore des aspects de jeunesse mais aussi des perspectives de vieillissement.


         De la dégustation qui précède le repas du midi à San Giminiano, nous retiendrons les vins peut-être les plus originaux : un San Giminiano rosso issu de syrah pure 2004 de la srl Palagetto, un Toscana IGT Rosso Cosimo 2004 puissant et tannique, et un blanc , un Toscana Sauvignon IGT 2007 de chez Il Palagio, très (trop ?) marqué par son cépage. Mais certains  apprécient cette typicité.


            Castello del Terricio : riche passé et grande dégustation


           Sur la commune de Castellina Maritima, cette propriété épouse la plaine maritime proche de la ville de Pise sur 1700 hectares (4.200 acres) dont 60 ha sont dédiés à la culture de la vigne. A l’origine de cette très belle propriété, un aristocrate qui en a hérité de son oncle, Giovanni Sarafini Ferri. Mais la vie de l’héritier, le Dr Gian Annibale Rossi di Medelana Serafini Ferri bascule le jour où ce dernier, cavalier émérite, fait une violente chute qui le laisse paralysé. Mais, contrairement à d’autres que ce handicap diminuerait, Gian Annibale garde un moral d’enfer et développe le vignoble qui est aujourd’hui un exemple pour toute la région.


            Une première caractéristique réside dans la valeur égale accordée aux cépages locaux et aux « étrangers », tels cabernet sauvignon, merlot, petit verdot et syrah en rouge, sauvignon blanc et chardonnay en blanc, aux côtés du local Sangiovese.


            En l’absence du Dr Rossi di Medelana, c’est la charmante Bettina Bertheau, directrice de l’export et du marketing qui présente la dégustation en compagnie de l’œnologue et maître de chais Giovanni Passoni. Nous découvrons ainsi les trois principaux vins rouges de la propriété dans deux ou trois millésimes, et deux vins blancs d’une rare élégance : d’abord, le Tassinaia (cépages 34% cabernet sauvignon, 33% sangiovese, 33% merlot) en 2004 « prêt à boire », en 2005, plus structuré, avec dune arrière-bouche de tabac et de sous-bois (environ 25-30 euros), le Castello de Terricio (50% syrah, 25% petit verdot et un assortiment de cépages différents) 2004 et 2005 trop marqué par le bois (actuellement) et le Luppicaia (85% de cabernet sauvignon, 10% de merlot) , le haut de la gamme, un vin très complexe tant en 2004 qu’en 2005, exprimant une palette de fruits avant les épices, d’une grande longueur. (Entre 85 et 90 euros chez les cavistes en Italie). Un sauvignon blanc très racé et qui nous plaît beaucoup plus que celui de la veille, le Con Vento (15 euros) conclura cette belle dégustation.


            Les blancs de Grattamacco



La découverte suivante méritant le détour nous permet de (re)découvrir la nature de la région sous le ciel gris au travers de chemins plus sinueux les uns que les autres, chemins qu’ils soumettront le conducteur de notre autocar à de nouveaux exercices d’adresse, qu’il réussira toujours brillamment. Et nous voici, finalement, au bâtiment tout récent de Grattamacco d’où nous bénéficions, avant la dégustation,  d’une vue imprenable sur les vignes produisant les plus beaux vins de la région.


            Nous découvrons quelques vins typiques de la région de Bolgheri, dont deux Grattamacco blanc 2006 (100% vermentino)  et rouge 2005 (65% cabernet sauvignon, 20% merlot, 15% sangiovese) et Albarello 2005. La plupart sont des vins bien typés de la région, bien que le sangiovese n’y intervienne  que peu ou pas du tout.


            Puis, nous retournons en des lieux plus civilisés, en l’occurrence le Ristorante Ugo dans le petit village de Castagneto où nous sont présentés différents vins de Bolgheri en présence de certains de  leurs vignerons. La sélection a été faite par une jeune femme, Silvia Menicagli, qui sait ce qu’elle veut, sous des apparences  timides. Nous y dégustons notamment le Castillo de Bolgheri 2005 sympathique bien qu’un peu « en dent de scie » , et un vin de l’hôtesse, un zizzolo Bolghero rosso fait de cépages français ( merlot-cabernet sauvignon), bien ouvert.


 Bienvenue aux Palistorti (poteaux tordus ) !


             Nous sommes attendus « près de Lucca ». S’y rendre s’avèrera moins simple que sur le papier. La route monte sans cesse en quittant la plaine et les lumières de Lucca, et après plusieurs hésitations, notre bus s’immobilise enfin près d’une bâtisse sombre. Une lumière s’allume  puis apparaît la viticultrice-propriétaire, Laura di Colobiano, au style baba-cool bien marqué. Elle a racheté son vignoble en 1993 et s’est apparemment entourée des meilleurs conseillers locaux. Vu l’aspect accidenté du terrain et celui des piquets utilisés dans le vignoble, Laura choisit pour son vignoble le nom de Palistorti (poteaux tordus). Les vins qu’elle y produit sont dignes d’intérêt : en 2008 , un assemblage de sangiovese, syrah et merlot et en blanc, un autre de vermentino, trebbiano, chardonnay-sauvignon donne un résultat très intéressant. Dans les mêmes encépagements que 2008, Palistorti nous plaît beaucoup en 2007 très réussi (la propriétaire nous annonce que les vignes ont été plantées en 1959) et 2006 davantage, plus ouvert, équilibré, plus souple. Il est à noter que l’ensemble du vignoble bénéficie d’une culture biodynamique.


De cette rencontre, nous ne regretterons finalement, par manque d’éclairage de l’environ de la maison, que la lourde chute de l’un de nos confrères à cause de l’obscurité.


            La journée et le voyage de découverte se termineront par une dégustation du collectif Montecarlo : nous en avons retenu un mousseux de pinot noir, très net, super brut et un rouge de cabernet franc (40%) et cabernet sauvignon (60%) se présentant fort sur le fruit et les épices. Pour terminer, un Esse 100% syrah (rosso di Toscana 2004) qui a emporté la médaille d’or des syrah en France.


Bernard GEERAERD


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légendes :


- Pier Francesco de la maison Podere Terreno


- Ricardo Falchini entouré de ses deux fils, Michael et Christopher


- Bettina Bertheau, directrice export du Castello del Terricio


 



Rédigé par B.G.
Posté le 2009-05-23 11:47:21 / ref_article : 217

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