Retour à Pessac-Léognan

           Nous terminons aujourd’hui le tour des châteaux et vins que nous avons rencontrés au cours de notre récente balade à Pessac-Léognan.


Château Smith Haut Lafitte (Grand Cru Classé de Graves)


            Les propriétaires du château, Daniel et Florence Cathiard, viennent souvent présenter leurs vins en Belgique, aussi y sont-ils bien connus et appréciés. Il y aura bientôt 20 ans que ce couple d’anciens champions de ski rachetait le domaine après avoir géré avec succès puis revendu une chaîne de magasins de sport. Smith Haut Lafitte est alors en piteux état mais Florence et Daniel Cathiard y consacrent tous les moyens nécessaires pour rendre aux 68 hectares du château tout leur potentiel. Bien entendu, le résultat ne se fait pas attendre et, en quelques années seulement, Smith Haut Lafitte retrouve rapidement sa place parmi les Crus Classés de Pessac-Léognan.


            En blanc comme en rouge, les millésimes les plus récents se révèlent très prometteurs en qualité, faute de quantité : moins de 20 hl/ha en blanc, 24 hl/ha en rouge et dans les deux cas, un nez superbe précède des notes florales et épicées qui annoncent un vin puissant et savoureux.


            Entrepreneur compétent, Daniel Cathiard a transmis le virus et son talent à l’une de ses filles Alice qui gère avec son mari Jérôme Tourbier l’hôtel attenant au château, centre de soins appelé Les Sources de Caudalie, premier spa de vinothérapie au monde.


Pour la petite histoire, Daniel Cathiard raconte fièrement (à juste titre) que l’hôtel géré par sa fille rapporte bien plus d’argent que les vins au Château Smith Haut Lafitte…


            Quoi qu’il en soit,  le Château produit trois vins en rouge et deux en blanc, sans oublier sa deuxième propriété, le Château Cantelys, dont Daniel Cathiard a racheté les 35 hectares il y a une dizaine d’années. Daniel compte encore améliorer la qualité des vins du « petit frère de Haut Lafitte »  qui est amené à élargir et compléter la gamme des vins proposés par Smith Haut Lafitte.


Château Haut-Bailly (Cru Classé de Graves)


            C’est en juillet 1998 qu’un banquier américain Robert G. Wilmers       acquiert le château Haut-Bailly. Tout en s’impliquant personnellement dans cette nouvelle aventure, il confie la gestion quotidienne du château à Véronique Sanders, petite-fille de l’ancien propriétaire. Nous venons de nous y rendre et il semble bien que le partenariat entre les deux se passe au mieux.


            Au cours des dix dernières années, d’importants travaux ont été réalisés. Au niveau du vignoble d’abord, de 1998 à 2001, une étude pédologique conduite par le professeur Denis Dubourdieu a démontré la bonne adéquation au sein des parcelles entre les types de cépages, les porte-greffes utilisés et les différents sols. Il résulte de cette étude que le terroir de Haut-Bailly apparaît comme une mosaïque de sols et de conditions écologiques et climatiques propices à la production de raisins d’une très grande finesse.


            On s’en doutera, les vins présentés à la dégustation ont grandement retenu notre intérêt. Grand Cru Classé, Château Haut Bailly se caractérise par une grande expression de l’identité du terroir et on aurait tendance à recourir aux superlatifs, ce que nous veillerons à éviter. Limitons-nous à parler dans les millésimes récents dégustés (2005 et 2006) de finesse, de concentration et de grande complexité.


            Le château Haut-Bailly fut l’un des tout premiers domaines à produire un second vin. Il apparaît en 1967 sous le nom de Domaine de La Parde , qui deviendra à partir de 1979 La Parde de Haut-Bailly. Après une vinification identique à celle du premier vin, La Parde de Haut-Bailly bénéficie d’un élevage en barriques pendant une période de 12 mois. Chaque année, les proportions de cépages varient en fonction des choix d’assemblage et des sélections de lots faites pour le grand vin.


            En évoquant La Parde de Haut-Bailly, on peut parler sans hésiter de charme et d’élégance doublée de finesse. Et comme Haut-Bailly n’a pas peur d’exhiber ses enfants, il propose un troisième vin  distribué cette fois sous la seule appellation Pessac-Léognan. C’est un vin qui reste moins longtemps et qui donnera du plaisir très rapidement.


Château Brown


            Des documents indiquent l’existence du château Brown dès le 12ème siècle quand l’Aquitaine était anglaise. Il doit son nom à son premier propriétaire, J.L. Brown. Après une alternance de périodes de gloire puis d’oubli, le domaine est racheté par la famille Mau en partenariat avec la famille Dirkzwager et c’est le cadet de la 5ème génération Mau, Jean-Christophe, qui s’y consacre aujourd’hui à temps plein en se référant à l’expérience de ses aïeux mais avec la conviction de la jeunesse, dopé par une grande admiration pour ce lieu au passé prestigieux.       


            Château Brown s’étend sur 50 hectares dont 28 hectares de vignes. Nous avons dégusté le Brown blanc dans le millésime 2007 (65% de sauvignon blanc, 35% de sémillon) et le rouge dans les millésimes 2006 et 2005 avec le même encépagement (60% de cabernet sauvignon, 35% merlot et 5% de petit verdot). En blanc, expression de fruits jaunes puis fumet délicat dû au passage de 8 mois en barriques de chêne français dont 50% neuves. En rouge, le premier nez laisse apparaître des parfums de fruits noirs puis, en bouche, des notes  de café et de chocolat.


Château Bardins


            À Bardins, on est en présence d’un domaine familial de longue date appartenant aux Bernardy de Sigoyer dont la descendance se partage entre Pessac-Léognan et l’île de la Réunion. Christol, le cousin de Stella, y distribue le vin de Bardins dont elle, Stella s’attache à la culture de la vigne, l’élaboration du vin et sa commercialisation.


            L’encépagement en rouge comporte 25% de cabernet sauvignon, 45% de merlot, 25% de cabernet franc, 5% de malbec et petit verdot. En blanc, 1/3 de sauvignon,  1/3 de sémillon et 1/3 de muscadelle. La production annuelle est d’environ 50.000 bouteilles de rouge et 1500 bouteilles de blanc. En rouge, le vin du château Bardins se caractérise par une belle teinte grenat. Son nez est franc, puissant et complexe. L’attaque en bouche est chaleureuse avec beaucoup d’arômes en cours d’évolution . Dans le millésime 2005, le vin présente une belle charpente avec des tanins mûrs, une brève aération permettra de développer les arômes secondaires du nez. L’ensemble présentera un bel équilibre pour un vin disposant encore de beaucoup de matière et de réserve, ce qui lui permettra une belle garde de plusieurs années.


Bernard GEERAERD


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Légendes :


- Au château Haut-Bailly, nous avons été accueilli par Noémie Ruelloux qui travaille depuis peu en Australie…


- Jean-Christophe Mau, propriétaire et gérant du château Brown


- Stella de Sigoyer-Puel s’occupe du vin de Château Bardins, depuis l’élaboration jusqu’à sa commercialisation



Rédigé par B.G.
Posté le 2010-03-10 11:42:04 / ref_article : 254

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