Périple en Vosges du Sud



La distillerie Paul Devoille et l'absinthe



 



            A l'occasion d'un voyage de presse
en Vosges du Sud, nous avons visité à Fougerolles la distillerie Paul Devoille.
Fougerolles est historiquement la capitale de la cerise. Seuls quatre distillateurs
existent encore aujourd'hui parmi la quarantaine qui en vivait en 1900. Parmi
les survivantes, la distillerie Paul Devoille, fondée en 1859 par celui qui
était à l'époque maire du village. L'entreprise bien lancée, Paul Devoille la
cèdera à son beau-fils Raymond Gouttefroy. La fille de ce dernier, Babeth, lui
succède  avec son mari Jacques Veillet.
En 1985, c'est René de Miscault, propriétaire du Musée des Eaux-de-Vie d'Alsace
qui reprend les rênes de l'entreprise avec son épouse Monette. Leur fils Hugues
et son épouse Céline dirigent aujourd'hui la distillerie dont le champ
d'activités s'est largement étendu. Au point que l'on peut acquérir chez
Devoille un nombre incroyable d'alcools distillés (Poire william, Kirsch...) ou
de liqueurs à des parfums aussi originaux que le pain d'épices au miel.



            Retour de l'absinthe légalisé



            Mais la plus grande curiosité
provient sans doute du retour de l'absinthe, que l'écrivain britannique Oscar
Wilde avait appelée "La Fée Verte" à la fin du 19ème siècle.



            La première recette sur base de
distillation de la plante absinthe est attribuée à la mère Henriod. Elle ouvre
en 1797 la première distillerie d'absinthe en compagnie de son gendre
Henri-Louis Pernod. Ce dernier poursuit l'idée (et la production) à Pontarlier
dès 1805. La mode (et les excès) de l'absinthe prennent une telle expansion
qu'en 1910, la production française passe rapidement de 700.000 à 36 millions
de litres. Avec la guerre de 1914-18 intervenue entre-temps, on imagine les
dégâts dans la population, non seulement auprès des artistes...



            Or, des réactions hostiles étaient
déjà apparues dès 1875 par les ligues anti-alcooliques autour des scientifiques
Louis Pasteur et Claude Bernard. C'est en 1915, après moultes événements,
l'interdiction intervient dans de nombreux pays dont la France où elle se
poursuivra jusqu'en 2011. Le 17 décembre 2010, le parlement français abroge la
loi interdisant l'absinthe suite à plusieurs pressions provenant du commerce.



            Et aujourd'hui...



            La vente de l'absinthe a donc repris
avec, heureusement, bien moins d'excès qu'au 19ème siècle. Les bouteilles
contiennent un liquide titrant de 45 à 90° d'alcool. On verse l'absinthe dans
un verre spécifique. Puis on dilue cette absinthe par de l'eau glacée avec l'intermédiaire
d'une cuiller appelée pelle sur un morceau de sucre. On le dilue dans 3 à 5
fois son volume d'eau. Si l'on respecte la dilution de 5 doses d'eau, on
obtient une boisson de force alcoolique équivalente à celle de la plupart des
apéritifs européens.

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légendes:



- Au pied
d'un cerisier, l'échelle typique des ramasseurs de fruits



- Chez Paul
Devoille, une jeune dame verse de l'absinthe dans un verre par l'intermédiaire
de la pelle et de son sucre.



 





Rédigé par Bernard GEERAERD
Posté le 2014-12-21 12:08:31 / ref_article : 444

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