Comme dans la plupart des professions dépendant
de la nature, les années se suivent en présentant d’innombrables différences.
Le monde du champagne est un exemple criant du mystère du monde du lendemain.Dans le secteur qui nous occupe, la
production générale du millésime 2022 aura été d’une grande satisfaction au
regard de l’année précédente. Vincent Genet successeur avec son frère Antoine,
de leur père Michel, le confirme : « La
dernière vendange a été vraiment extraordinaire partout dans l’appellation.
Aucune maladie, des raisins très sains, vraiment aucun problème. Autre
étonnement : une belle quantité de raisin dans des endroits où il n’y en
avait presque pas d’habitude. Seul petit bémol, le manque d’eau a rendu la
presse du raisin un peu moins aisée, plus pour les blancs que les raisins
noirs. Sinon, quantité et qualité étaient bien présentes, vignerons et
négociants partageaient la même satisfaction.
Le vignoble Genet ne cultive que 3
ares de raisin rouge pour l’assemblage constituant son champagne rosé. Le reste de raisin rouge,
comme d’ailleurs pour tous leurs confrères de Chouilly et des autres communes
de la Côte des Blancs, est dirigé vers le négoce. « Les
raisins originaires des autres communes de l’appellation sont destinés
exclusivement au négoce. Dans notre cuverie, il n’y a que du
raisin de Chouilly ». Par rapport aux années précédentes, comme nous
avions la quantité suffisante de raisins, toutes les « tailles » sont
parties en distillerie.
« Je
pense que nous avons démarré les vendanges à la bonne date : pas besoin
d’ajouter un kilo de sucre, inutile de chaptaliser. Dans la plupart des cuves,
le degré tournait autour de 11-11, 5 °.
C’était parfait. » Et les
millésimes précédents ? Le maximum autorisé pour l’appellation était de
12.000 kilos. « La Champagne produisait environ 325
millions de bouteilles en 2021, ce qui était énorme par rapport à 2019 (nous
étions avant la Covid). Il faut
savoir qu’avec les changements de climat que l’on peut rencontrer aujourd’hui,
nous pouvons connaître d’une année à l’autre de très bonnes conditions comme de
très mauvaises.
« L’herbe
concurrence la vigne »
Il semble
qu’à l’avenir, il sera de plus en plus compliqué de produire de très belles
appellations. Nous constatons, depuis 10 ans, une chute de production de
raisins en Champagne due au fait que l’on utilise plus de désherbant (l’herbe
concurrence la vigne) si bien que le rendement moyen des vignes a baissé de 20
%. Il s’agit bien d’une moyenne pour la Champagne. Pour trouver une alternative
au réchauffement de la planète et l’évolution du climat, plusieurs producteurs
se posent la question de ressortir les clônes qui étaient trop productifs
à une époque mais qui ne le seraient plus aujourd’hui.
Une
solution pour répondre au réchauffement du climat
On évoque
le voltis, premier cépage autorisé à raison de maximum 10% des surfaces. Il
serait destiné aux vignes situées le long des maisons, des villages. Mais comme
ce n’est pas un cépage typiquement champenois, il n’est autorisé que sur
certaines sufaces. On nous dit que d’autres peuvent être meilleurs. En
dégustation, nous avons goûté ce voltis. En petit pourcentage, il passe
inaperçu. Quoi qu’il en soit, pour ce que nous
en savons pour l’instant, le dernier
millésime est très réussi, y compris au niveau du travail de la vigne.
Reste à espérer que le vin évoluera dans la même sens et ce sera une grande
année. »
Bernard
GEERAERD
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Légende : L’équipe Genet: Agnès, épouse de Vincent Genet, Vincent et
son frère Antoine.
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